B[R]OUILLON DE CULTURE...
ZAGZIGONES
Le Japon est le fils prodigue du tatouage oriental mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dans le temps, le tatouage illustrait une pratique de hors-la-loi, une tradition yakuza [Mafia japonaise]. Cette pensée est encore présente dans les milieux ruraux mais de nos jours, le tatouage fait partie intégrante de la culture japonaise. Le horimono [彫り物 - Tatouage en japonais] est devenu si populaire qu’il a franchi les frontières asiatiques pour devenir un style à part entière dans le panorama mondial du tattoo.
Bien souvent, ils s’inspirent des estampes traditionnelles et des xylographies d’artistes peintres issues de l’antiquité japonaise, dont le maître incontesté reste Masami Teraoka. L’art a ses génies ; il en est de même pour le tatouage. Hiroshi Hirakawa, Hori-Hiro, Horiyoshi III, Shige, San Lee sont notamment des pointures du tattoo à l’esthétique orientale. Bien qu’il fût un signe distinctif de la pègre jap, l’irezumi [入れ墨 - littéralement, insertion d’encre] donne un look aussi traditionnel que moderne à son porteur. Que ceux qui n’ont pas déjà vu une personne avec une manche complètement tatouée lèvent le doigt ? Personne, hein ? Il y a peu, la manchette est devenue tendance en Occident. Mais comme toujours, l’Orient avait une longueur d’avance. L’irezumi, grosses pièces couvrant de larges parties du corps voire le corps dans son intégralité, est réellement apparu entre le IIIème et le IVème siècle. Il ornementait les corps des hommes et des femmes et signifiait leur appartenance sociale. [控 - Hikae : tatouage sur la poitrine, 長袖 - Nagasode : manchette, 七分 - Shichibu : manche trois-quarts, 五分 - Gobu : demie-manchette, 隠し彫り- Kakushibori : tatouage caché]
A la période Edo (1600-1868), la loi distinguait le tattoo « prestigieux » du héros, du tattoo « crapuleux » du criminel. Au Japon, comme partout ailleurs en Asie, le tatouage a certes un rôle esthétique mais il connote la spiritualité.
Depuis des années, les stars ont mis à la mode le tattoo oriental. Mais cela fait des siècles que le tatouage est « encré » dans la culture asiatique (le Japon, la Thaïlande, la Chine, Taiwan et nouvellement la Corée).
L'ENCRIER NOMADE
L'ORIENTATTOOISME
Mais le tatouage oriental ne tire pas seulement ses racines de l’Extrême-Orient, il vient également de l’Hindoustan (actuel territoire couvrant l’Inde, le Pakistan, et le Bangladesh). Les thèmes de prédilection varient légèrement de par les influences croisées de bouddhisme et d’hindouisme :
Carpe koï
Tigre
Papillon
Geisha
Idéogramme japonais
Signes kanji
Ying-yang
Arts martiaux
Katana
Samouraï
Harakiri
Lampions
Tribaux thaï
Tribaux indonésiens
Tribaux dayaks de bornéo.
Dragon
Démons
Qilin
Lotus Fleur de cerisier
Cascade
Jardin japonais
Bambou
Hibiscus
Rizière
NATURE
MYTHOLOGIE
FLORE
FAUNE
HEROISME
BESTIAIRE
NATURE
En fait, c’est la religion qui a amorcée la pratique du tatouage oriental. Ainsi, il devenait l’expression de sa foi. Aujourd’hui encore, ses thèmes de prédilection n’ont pas changé d’un iota :
MYTHOLOGIE
FLORE
FAUNE
DIVINITES
SYMBOLES
Lotus
Jasmin
Chrysanthème
Hibiscus
Bougainvillier
Banian
Santal
Lilas
Camphre
Feuille de thé
Eléphant
Singe
Serpent
Tigre
Tortue
Scorpion
Vache sacrée
Grenouille
Bouddha
Vishnu
Ganesh
Shiva
Brahma
Temple
Aum
Sanskrit
Soleil
Zen
Bûcher
Cimeterre
Que vous soyez tattoomaniaque du style oriental ou bien amateur de la belle illustration, petit conseil : jetez un coup d’œil à HORIHIDE, un portfolio de magnifiques travaux de maîtres tatoueurs japonais et à 1000 ORIENTAL TATTO DESIGNS (VOLUME 1 et VOLUME 2), ouvrage de référence dans le tattoo oriental.
C’est là que nos chemins se séparent, mais n’ayez crainte, on se retrouve dans deux semaines avec un nouvel article consacré au tatouage dans une autre culture. D’ici là, faites-nous part de vos avis et de vos expériences. A vous de jouer !
Hugo Polizzi



Certains d’entre vous ont peut-être déjà vu des dames d’un âge avancé, l’allure orientale, avec de petits symboles tatouées sur le visage. « Étrange… » me diriez-vous, « se tatouer sur le visage… » et pourtant ! La pratique du tatouage chez les peuples Berbères, en particulier sur le visage et le torse, remonterait à l’Antiquité. Issus des rites et coutumes païennes, affiliés à la sorcellerie ou à la magie, les tatouages étaient plus que de simples dessins sur la peau. Les symboles berbères avaient (et ont toujours, bien que le fait de se les tatouer ait disparu au XXIe siècle) des significations réelles, allant bien au-delà du simple apport esthétique. Zoom sur cette communauté d’ « Hommes libres » !

Drapeau Berbère avec le symbole de l'homme libre
TATOUAGES BERBERES : LES VERTUS DE L'ART
UN PEU D'HISTOIRE...
Chez les peuples Berbères, le tatouage apparaît comme un véritable symbole culturel, un art, utilisé à des fins ornementales, protectrices et également d’affiliation. Il est d’ailleurs désigné sous le terme : « el-âyacha », « celui qui fait vivre ».
Pour les hommes, bien que communément moins tatoués que leur compagne, le tatouage avait principalement un caractère identitaire : selon le nombre de traits dessinés sur le visage, il marquait l’appartenance à une tribu, voire à une région spécifique d’Afrique du nord. La pratique du tatouage était ainsi particulièrement utile en période de conflits. Ce caractère identitaire se retrouvait aussi chez les femmes, tout en étant plus pacifique.
C’est d’ailleurs concernant ces dernières que le tatouage s’ancre dans la culture de façon plus marquée, et ce depuis de nombreux siècles. Le tatouage révèle tout d’abord la beauté de la femme et sa sensualité, il orne le corps. Tel un véritable bijou, il est un complice de la féminité. Cette fonction ornementale est principalement utilisée de nos jours, les anciens rites païens se faisant peu à peu oubliés et l’Islam, religion dominante en Afrique du Nord, n’étant pas favorable à la pratique du tatouage, considéré comme un acte de mutilation, de destruction de l’Œuvre Divine, de superstition et de communautarisme. Néanmoins, au vu de son fort impact culturel, le tatouage fut avec le temps remplacé par le henné, éphémère et ne blessant pas le corps. On désigne cet art « Mehndi ».

Les in-délébiles
Lily C.
Outre son côté ornemental, les femmes Berbères attribuaient aux tatouages des vertus protectrices. Véritables liens entre les Etres fait de chair et les Divinités, ils protégeaient du mauvais sort, des esprits malveillants et de la malchance en général, particulièrement s’ils étaient dessinés sur le front : ils apportaient réussite et bonne fortune, force et vigueur. Représentant également le lien entre la peau et les organes ou entre la peau et le sang (la vie), on donnait au tatouage des vertus préventives et curatives. Généralement, pour éloigner le mauvais œil, les mères marquaient leur enfant à la naissance avec du noir de fumée, toujours utilisé de nos jours en tant que pigment, notamment pour la fabrication de l’encre de Chine. Le fait de tatouer tel ou tel symbole pouvait être également prescrit en cas de grave maladie.
Ainsi s’achève le second article de l’Encrier Nomade ! On vous donne rendez-vous dans quinze jours, avec une nouvelle culture et de nouveaux tattoos ! En attendant, prenez soin de vous !