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DIAPAZON

 

De la musique, des découvertes, des artistes, des concerts...

LET IT ROCK

 

L’Imagerie Musicale de Jeanne Garraud

 

Quand la grammaire musicale va au-delà du pentagramme, on sort se balader dans un monde artistique qui nous emmène vers d’autres découvertes de nous-mêmes. Un univers où chaque chanson nous invite à créer des images comme une promenade poétique dans la ville. Les personnages sont urbains, plongés dans une ambiance d’humeur.

 

La musicienne s’appelle Jeanne Garraud. L’instrument, c’est le piano, avec toutes ses rimes. Un accord signé depuis l’enfance, débutant au piano, se consacrant au chant accompagnée d’un piano à bretelles et composant à 16 ans ses premières chansons, au sein d’une famille imbibée par la musique française traditionnelle. Ses influences vont de Jacques Brel à Ennio Morricone, en passant par Georges Brassens et Barbara. 

 

Il a fallu pourtant rompre les liens et se refaire, recombiner. « J’ai mis beaucoup d’énergie pour déformater ce que je savais. J’ai mis beaucoup d’énergie à écouter d’autres choses, à essayer de mélanger des formes, enfin j’ai eu besoin de m’échapper ». En se révolutionnant elle-même, elle a ouvert les possibilités d’une création artistique et, par exemple, a pensé développer divers travaux, comme réaliser un spectacle avec danse et chansons, proposé par une ballerine professionnelle qui est allée à l’un de ses concerts.

 

Si aujourd’hui elle mélange cette influence du traditionnel qui la touche et une volonté consciente de déconfiguration croisée avec d’autres réalités, en particulier visuelle – photo, dessin, cinéma –, elle le doit à un effort personnel d’édification sincère de son propre chemin. On pourrait même se donner la liberté d’affirmer que la musique est son héritage le plus précieux et le plus cher. Une question de sang, de veine, d’oreille, de touche. Née dans une famille de musiciens, son père est Rémo Gary, révélé en 1990 au Printemps de Bourges et il a enregistré des disques depuis 1983. 

 

S’il manque une définition de la musique de Jeanne, on peut dire sans avoir peur qu’il s’agit de « musiques de film » dont la vie se charge de fournir les scénarios. Et les personnes communes dans ces jours triviaux ne sont plus de simples acteurs de deuxième rôle. Elles prennent corps sur scène et courent sous les doigts de Jeanne Garraud en ne touchant pas que les claviers percussifs de cet instrument mais aussi le public. À la fin, le dialogue tenu entre l’art, l’artiste et le public se fait aussi par l’identification, soit avec les sujets, soit avec les personnages, l’urbain ou la poésie. 

 

Celui-là n’est pas non plus le spectateur qui attend que l’art se pose du ciel comme une soucoupe volante définitive et établie. Il est victime et criminel en même temps. D’un côté, pour recevoir de nombreuses invitations à construire lui aussi cette imagerie musicale. De l’autre, tout simplement pour ne pas réussir à dire « non, merci ! Peut-être la prochaine fois ». En fait, il faut un type d’urgence libérée pour rattraper la poétique de Jeanne, si elle veut qu’on la rattrape ! L’urgence, parce que tout se passe dans l’instant dans tous ses demi-tons, et du temps sans contrainte, pour qu’on se laisse emballer par ses bras. 

 

 

 

La coiffeuse a « un poster avec la tête de George Clooney et des filles extraordinaires... extravagantes ! » ; elle fait les cheveux des amants, voit ceux qui passent par la vitrine de son salon en courant sans l’observer. « Irene » vient dans une ambiance à suspense romantique léger, « quelle est cette voix, Irène, Irène, cette voix qui m’appelle ? Irène, Irène, j’entends des sirènes ».

 

Selon Jeanne, on peut toujours trouver des histoires extra dans l’ordinaire : « Je crois qu’il y a effectivement des proximités avec les gens qui recevraient mes chansons. J’aime bien traiter de la ville de chacun, des choses du quotidien, des choses très proches. Puis après, amener les gens dans une sorte de poésie, aller chercher chacun où il est et évoquer le nom de la ville... C'est quelque chose de plus pour moi ».

 

Contrairement à ce que le nom de son plus récent concert, « Mon côté XIXe »  en duo avec Mickaël Cointepas à la batterie, peut faire penser, sa musique marche en parallèle avec des effets sonores modernes au piano acoustique, quelques distortions, toujours doublés d’une remarquable présence sur scène. « Mon côté XIXe » est aussi le nom d’une de ses chansons, composée par un ami musicien qui plaisante avec le petit côté suranné de Jeanne, comme la façon avec laquelle elle s’habille.  

 

Après avoir longtemps réfléchi à plusieurs instruments musicaux qui pourraient la suivre pour son spectacle en duo, elle s’est décidée pour la batterie de Cointepas, un partenaire depuis son disque de 2011, « Des Oiseaux par Milliers ». « En fait le piano c’est un orchestre. Il peut tout faire. Il peut faire la basse, la mélodie, les accords, l´harmonie, la rythmique aussi et donc j’ai eu vite l’envie d’une batterie et je l’ai invité », explique-t-elle.

 

 

Son premier album « JEANNE GARRAUD – Maxi » a été une version démo de 2007, suivi par « À Côté des Choses » l’année suivante. Ces trois disques ont été travaillés par l’artiste graphique France Corbel, responsable du design (dessin et graphisme), aux participations de Mika Vatinyan au dessin et de Siegfried Marque aux photos dans le deuxième et aussi avec la collaboration du studio de direction artistique, design graphique et multimédia Jeudimidi dans le troisième.

 

En dehors de l’astrologie simpliste des journaux et des revues de mode, il n’est pas faux de dire qu’octobre est le mois des artistes, régi par le signe de la balance : Jeanne est née le 22. Actuellement, elle se permet une petite pause après des années consacrées les unes après les autres, sans interruption, à la création artistique musicale la plus prolifique. Dans ce temps tellement « libre », Jeanne revisite une ancienne et première passion : la photographie. 

 

Cependant, le huitième art a fait partie de sa vie jusqu’à ses 16 ans, puis la musique est devenue son travail capital, qui a pris le relais poétique de son expression. Et toutes les images qui n’ont été pas prises ont fait écho dans ses mélodies en articulant une imagerie originale et n’appartenant qu’à elle-même. 

 

Pour plus d'infos | http://jeannegarraud.com/

 

Concert JEANNE GARRAUD | 9 Déc | 20h30 | Médiathèque Jean-Prévost | ENTRÉE LIBRE

Médiathèque Jean-Prévost | 2 place Cumbernauld - 69500 BRON

 

 

 

 

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Bárbara Cardoso

Mes remerciments à Marie Berenger pour avoir corrigé cet article et à Jeanne Garraud pour l'interview

 

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« Aujourd'hui quand on veut la lune,

On est pas poète on est cosmonaute »

 

 

Petit point sur un artiste et un concert pas comme les autres :

 

Ce jeudi soir 6 novembre, je suis bénévole au 19e Festival Paroles ambulantes (festival pluridisciplinaire qui donne la parole à des poètes, comédiens, musiciens…) et j’ai donc la chance de rencontrer Loïc Lantoine quelques heures avant son entrée en scène, pour un concert de 2h, accompagné du guitariste Karim Arab.

 

Depuis plus de 10 ans, ce poète atypique touche son auditoire par ses textes d’une grande sensibilité et d’une grande force. Avec ses chansons parlées, ou textes en musique, comme l’on voudra, Loic Lantoine peut se targuer d’avoir un public bien acquis. Pour ceux qui découvrent encore, dans la petite salle du Marché Gare ce soir-là, sa voix rauque intrigue, ses textes fascinent, son humour conquiert… on a compris, il ne laisse pas indifférent.

 

Ce grand timide n’aime pas recevoir des compliments, cela le met mal à l’aise dira-t-il plus tard sur scène, il ne sait pas quoi répondre, alors il blague, feint la désinvolture. S’il sait plaisanter dès qu’il le peut avec son public, il a en fait bien du mal à contenir son trac et sa nervosité dans les loges, il s’isole, fume une cigarette, puis une autre, relis ses textes, sa tête entre les mains. C’est un personnage aux antipodes du Loïc Lantoine hors-scène, qui devant son micro assène des déclarations d’amour, d’amitié… d’une puissance extraordinaire.

 

C’est le genre de concert qui surprend, on ne s’attend pas vraiment à ça, on vibre et on rit (beaucoup !). Un brin mélancolique parfois, souvent drôle et décalé, cet amoureux de la vie et des mots veut nous faire passer un bon moment, et c’est pour le moins réussi !

 

L. Lantoine a changé et veut nous le faire savoir avec son dernier album J’ai changé, à écouter sans modération !

 

« citation » :  extrait de l'album : Tout est calme, 2006.

 

                                                                                                                                                               Sofia Gérard

 

 

 

 

 

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I Love Tango

 

Vendredi 21 novembre. 12h30. Discussion sur le tango dans un amphi de l’opéra de Lyon. 

 

Opéra de Lyon

1 Place de la Comédie, 69001 Lyon

04 69 85 54 54

 

Moi qui n’écoute que très peu de tango, je ne savais pas à quoi m’attendre lors de ce

rassemblement. Il avait pour but de contextualiser la représentation du tango argentin d’hier

et d’aujourd’hui. Les cancioneros William Sabatier et Diego Florès, respectivement bandonéoniste

et chanteur de tango, animaient la discussion et, cerise sur le gâteau, nous avons eu un

avant-goût de leur concert à l’opéra le soir-même, BLUFFANT !

 

Voici le récapitulatif de la rencontre :

 

En Argentine, les mythes sont contemporains. Jorge Luis Borges, par exemple, a été un de ses héros littéraires qui a dépeint les ladrones (Ndr : brigands), les gens de la rue, le peuple argentin. Rien de bien différent pour le tango : Carlos Gardel, parfois considéré comme une icône poussiéreuse, est l’un de ces hommes qui a joué un rôle essentiel dans le tango en l’exportant hors des frontières argentines. Avant lui, l’expression du chant argentin venait du folklore de la pampa. Le melting-pot des migrations de 1870 en Argentine, essentiellement européenne, a donné lieu à une mixité des styles musicaux venus s’insérer dans les rythmes locaux comme la zamba. En vérité, l’influence africaine est effective dans la danse tango mais assez minoritaire dans la musique. Les prémisses du tango voient le jour dans les années 1800 ; le tango milonga, rythme de la pampa, permet l’éclosion d’un rythme tango naissant.  Mais il faudra attendre la période post-dictatoriale et l’accalmie politique des années 1930-1940 pour que commence l’âge d’or du tango en Argentine. Puis, dans les années 1950, l’engouement pour le tango retombe et, dans les années 1960, les sonorités africaines viennent influencer la musique ambiante.

 

Le tango était d’abord un moyen d’expression émanant des classes les plus populaires de la société argentine. Au XIXe siècle, la mode est au tango dans les 2000 maisons closes de Buenos Aires où logent quantités de prostituées européennes. L’environnement populaire, parfois lié au banditisme, souvent misogyne, conditionne les paroles du tango. L’histoire du tango est liée à l’évolution socio-politique de l’Argentine. Le tango réinvestit le lunfardo (Ndr : argot de Buenos Aires), ce langage des couches populaires composées d’immigrants. Venus avec leur bagage culturel et linguistique, les étrangers ont joué un rôle en société et le tango en a bénéficié. Ce mélange de langues étrangères, essentiellement le français, l’italien, le russe et le turc, a permis de bâtir de nouveaux dialectes en Argentine. Né dans les prisons et le monde du crime pour ne pas être compris de la police, le lunfardo a fini par altérer les mélodies et les paroles du tango des années 1930-1940.

 

D’ailleurs, Carlos Gardel, émigré français de la région toulousaine, l’une des clefs de voute du tango, a lui-même eu une jeunesse assez délinquante. Il s’est imposé comme un chanteur folklorique argentin, a « inventé » le tango et l’a exporté en Europe. Tout comme Alfredo Gobbi, il inocule le tango dans la société française, principalement à Paris. Malgré la vulgarité qu’il véhicule, le lunfardo, comme le « titi parisien » de l’époque, devient un langage vernaculaire intense et magnifique, beau et profond et prend de la profondeur à partir du moment où les poètes en font l’usage. Au même titre qu’Edith Piaf ou Yves Montand en France, la poésie populaire argentine d’auteurs comme Pascual Contursi, Enrique Santos Discépolo, Homero Expósito ou plus tard, Homero Manzi, Cátulo Castillo ou Enrique Cadícamo, crée le socle de référence du tango.

 

« Diego et moi, nous ne venons pas de villes où le tango a une grande influence mais nous avons des socles référentiels communs comme Miguel Montero ou Julio Sosa par exemple » précise William Sabatier, originaire de Clermont-Ferrand.

Le tango est un patrimoine matériel représentant en partie l’identité de l’Argentine, « l’argentinité ». Il est une société dans la société et même une société dans Buenos Aires, non une « argentitude » généralisée. En Argentine, tout le monde n’est pas tanguero (Ndr : par analogie, amateur de tango) ; certains n’écoutent jamais de tango, d’autres vivent tango du matin au soir. De plus, l’immersion moderne dans ce vaste monde qu’est le tango est différente de celle d’autrefois :

 

 « Avec le bandonéon et la guitare, le tango est arrivé chez moi par le biais de mon père. Aujourd’hui, internet permet de s’immerger dans le tango ; en un clic, on a accès aux pointures historiques du tango. Moi quand j’ai commencé à jouer du bandonéon, on se refilait des cassettes sous le manteau entre nous. Maintenant, avec internet, on a plus de musique qu’on en aurait besoin pour toute une vie. Avant, on n’avait pas autant mais on écoutait mieux. Le tango est une microsociété, d’où la nécessité de communiquer entre nous. Ce n’est pas une secte mais un mode de vie »

William Sabatier 

 

 « Tout en étant populaire, le tango actuel ne parle pas toujours à la masse. Après la dictature, on s’est mis à écouter plus de musiques, alors qu’avant pas du tout. Aujourd’hui, j’écoute du rock, du jazz, de l’opéra mais ma connexion avec le tango était mon grand-père, il y a vingt ans de cela. Au moment où j’ai découvert mon timbre de voix, j’ai vu qu’elle pouvait correspondre à ce répertoire intemporel qu’est le tango. Je crois que le tango m’attendait et aujourd’hui, il est l’air que je respire. »

Diego Florès [traduit par Jaime Salazar, anthropologue] 

 

La discussion était rythmée par trois intermèdes musicaux, deux « mises en bouche » du concert en direct du duo et une écoute à partir d’un 33 tours numérisé car non-réédité :

  • [Interprétation] Mano a mano de Carlos Gardel

  • [Ecoute] Callejón de Miguel Montero

  • [Interprétation] Sueño de barrilete d’Eladia Blázquez

 

En sortant de l’opéra à 13h30 tapante, je me suis fait un point d’honneur d’écouter plus souvent du tango, parce que oui, ce genre musical vaut le détour. J’espère que vous en ferez autant. En attendant, commencez par aller « jeter une oreille » aux vidéos de Los Reyes del Tango. Bonne écoute à tous !

 

Hugo Polizzi

 

 

 

 

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