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La sopa paraguaya
La sopa paraguaya est un plat typique du Paraguay, qui présente une spécificité très étonnante : bien qu’on l’appelle « sopa », donc soupe en espagnol, il ne s’agit pas d’un liquide mais d’une sorte de gâteau salé.
La sopa paraguaya, à déguster bien chaude !
On peut difficilement retracer ses origines. L’écrivaine paraguayenne Margarita Miró Ibars considère qu’il est issu du syncrétisme guarani et espagnol. Les Guaranis, peuple amérindien présent en Argentine, Bolivie, Brésil, Uruguay et Paraguay, avaient l’habitude de faire cuire de la nourriture élaborée à partir de la farine de maïs ou de manioc fourrée dans des feuilles de banane. Les jésuites ont introduit dans leur cuisine l’utilisation du fromage, œufs et lait.
Ceci est la version officielle. Mais la légende populaire veut que se soit le président du Paraguay, Carlos Antonio López, qui soit à l’origine de cette recette. Il aurait demandé à sa cuisinière de lui préparer une soupe au manioc, qu’elle aurait laissée cuire trop longtemps par inadvertance. Le président, affamé, aurait tout de même mangé cette soupe devenue un gâteau. Petit à petit, cette recette se serait répandue parmi toutes les classes sociales, même les plus pauvres, du fait de ses grandes qualités nutritives.
La sopa paraguaya est un plat indispensable
pendant les grillades (« asados ») paraguayennes.
Le fromage dit « paraguayen »
Il s’agit probablement de l’ingrédient par excellence de la gastronomie paraguayenne. Elaboré à partir de lait caillé, ce fromage ne contient pas de sel et se fabrique avec du lait entier. De ce fait, il est très crémeux et nutritif. Au Paraguay, on l’utilise aussi bien dans des plats salés, tels que la sopa paraguaya, que dans les desserts, en mélangeant, par exemple, ce fromage à de la confiture de lait (« dulce de leche »).
Ingrédients :
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4 oignons
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½ litre d’huile ou 250 grammes de beurre
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750 grammes de fromage dit « paraguayen »
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6 œufs
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1 kilo de farine de maïs
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½ litre de lait
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Sel
Préparation :
Couper les oignons et les faire cuire dans une poêle avec l’huile ou le beurre jusqu’à ce que les morceaux deviennent transparents (calculer environ 10 minutes). Laisser refroidir.
Émietter le fromage dit « paraguayen » et battre les œufs.
Ajouter le fromage, les œufs, la farine, le lait et le sel au mélange d’oignons et d’huile. Mélanger jusqu’à obtention d'une pâte homogène. Laisser reposer pendant quelques minutes.
Beurrer un moule, verser la pâte et le mettre au four préalablement préchauffé. La sopa paraguaya sera prête une fois le dessus craquant.
Cécilia Barreto
Les cuñapés
Après la soupe, le pain !
Les cuñapés sont une spécialité bolivienne de la région de Santa Cruz, également cuisinée et dégustée au Brésil sous le nom de Pão de Queijo (Pain de fromage). Ils se présentent sous la forme de petits pains ronds, cuisent au four et sont délicieux lorsqu'ils sont dégustés chauds.
Ils sont essentiellement à base de fromage et d'amidon de manioc (ou yucca). Leur aspect est particulier : l'extérieur craque un peu sous la dent, l'intérieur est légèrement élastique, ils tiennent dans le creux d'une main.
Leur nom tire probablement son origine de la langue guarani, parlée en Amérique du Sud, dans laquelle le mot “cuña” signifie “femme” et “pé” signifie “sein”. Nom joliment évocateur pour ces petits pains ronds.
À présent, la recette :
Ingrédients :
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1 kilo et demi de fromage de lait de vache
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½ kilo d'amidon de manioc
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1 cuillerée de sucre
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3 cuillerées de lait
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Sel (si le fromage n'est pas salé)
Des cuñapés bien dorés !
Préparation :
Mettre le fromage dans un plat, bien l'écraser et ajouter l'amidon de manioc, le sucre et le sel, et finalement le lait petit à petit, jusqu'à obtention d'une pâte lisse et légèrement humide.
Saupoudrer la table d'amidon de manioc, sortir la pâte du plat et la pétrir sur la table jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de grumeaux.
Faire des petites boules de pâte puis former un creux à leur base avec l'index. Les poser du côté du creux sur une plaque préalablement saupoudrée de farine.
Mettre au four à 220 degrés entre 20 et 25 minutes ou jusqu'à ce que les cuñapés aient blanchi.
Bon appétit!
Guénola Sacher
Le maté
Après le repas, un petit maté ?
Durant un séjour à Buenos Aires en Argentine, j'ai pu découvrir une des choses vénérées par les Argentins hormis le football et les grillades : le maté.
Le maté est une infusion préparée avec les feuilles de la yerba maté, une plante indigène de la famille du houx. On la trouve à l'état naturel au Paraguay, dans le Sud du Brésil et le Nord-Est de l'Argentine. Ses feuilles et ses tiges sont séchées, légèrement torréfiées avant d'être réduites en copeaux afin d'obtenir la préparation pour l'infusion.
Le mot "maté" provient du Quechua mathi désignant la calebasse dans laquelle on sert la boisson.
Au XVIe siècle, à leur arrivée au Paraguay, les missionnaires jésuites développèrent la culture de la yerba maté, l'étendirent aux pays voisins et l'exportèrent en Europe.
¿Hola, querés mate? : Ce sera sûrement la première question d'un Argentin à qui vous rendez visite. Le maté est un véritable phénomène de société ; au travail, à la maison, au parc, le maté est consommé à tout âge et à tout moment de la journée. La yerba maté est amère, certains préfèrent donc ajouter du lait, du sucre, des zestes d'orange, des feuilles de menthe... Mais les vrais de vrais le boivent nature.
Un marchand de maté à la feria de San Telmo, Buenos Aires.
Préparer un bon maté, c'est tout un art et un rituel.
Pour obtenir le meilleur des matés, vous aurez besoin de :
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une calebasse
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une bombilla (prononcée bombicha à Buenos Aires : une paille en métal avec un filtre)
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de la yerba maté
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de l'eau dans un Thermos
Préparation de la boisson :
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Le préparateur remplit la calebasse de feuilles de yerba maté jusqu'aux trois-quarts.
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La calebasse est ensuite retournée et secouée afin que les particules fines du maté restent sur la paume de la main.
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On incline ensuite la calebasse pour que les feuilles se concentrent d'un côté.
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On verse un peu d'eau du côté où il y a le moins de yerba maté de façon à imprégner les feuilles quelques minutes puis on insère la bombilla du même côté.
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Une fois l'eau chaude ajoutée, la yerba infuse et le maté peut être bu.
Attention : la température de l'eau doit se situer entre 70°C et 80°C. En dessous de cette température, le maté sera trop fort et vraiment trop amer, au-dessus, il perdra sa saveur.
Rituels et quelques règles d'or à connaître :
Le partage du maté est un des symboles de communication sud-américaine. C'est le plus convivial et le plus ancien des réseaux sociaux.
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Dans un groupe de personnes réunies autour d'un maté, une seule et unique personne est chargée de servir le maté du début à la fin : c'est le cebador ("celui qui alimente"). On ne remplit JAMAIS la calebasse à la place du cebador. Il te sert, tu bois le maté (en entier !) et tu lui rends afin qu'il le remplisse et le redistribue à quelqu'un d'autre.
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Il ne faut pas mélanger le maté. Seul le cebador en a le droit pour arranger le maté ou pour y ajouter de la yerba.
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Interdiction de toucher la paille avec les doigts, on ne dirige pas la paille vers la bouche avec les doigts ; le maté se boit à une seule main.
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On ne dit pas merci quand on vous donne le maté, on dit merci quand on n'en veut plus.
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Le cebador boira le premier et ce n'est pas malpoli, au contraire, la première gorgée n'est pas la meilleure et il rend ainsi service au groupe.
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En général, le maté circule dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, selon le rituel des gauchos, afin de faire passer le temps moins vite.
Vous pouvez vous procurer le nécessaire en commandant sur internet, divers sites importent les produits directement d’Argentine : http://www.yerba-mate.fr/
http://www.delicias-latinas.com/
À vos bombillas et bonne dégustation !
Maëve Lecouffe




